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mardi, 25 avril 2017 21:44

Les guérillas

Les guérillas sont des groupes sociaux qui se disent animés de bonnes intentions, mais qui se présentent socialement comme beaucoup plus toxiques, pervers et nocifs que constructeurs. Leur efficacité sociale dans la transformation de la société est nulle. Quelques notions préliminaires seront utiles pour bien comprendre le phénomène de la guérilla.

 

La première est que dans une société, on peut distinguer deux parties : une partie Yin, horizontale, en contact avec la Nature : le peuple, les paysans, et une partie verticale, Yang, la hiérarchie, les dirigeants politiques, économiques, sociaux, religieux, les experts, les représentants. Certains appellent cette partie l’establishment. Dans une société normale, en équilibre, les dirigeants, l’establishment, sont au service du peuple, assurent les grandes lignes de son gouvernement, exercent sur lui un contrôle descendant, mais le peuple, organisé en réseau fort, cohérent et créatif, exerce un contrôle ascendant sur les dirigeants et en empêche les dérives (corruption, abus de pouvoir …). Dans une société YANG/yin, le peuple est faible et l’establishment abuse du pouvoir. En Colombie le peuple est victime et il y a plusieurs establishments qui tous, à leur manière, le contrôlent, l’affaiblissent ou l’oppriment : un légal, le gouvernement et les assemblées, et plusieurs illégaux, les guérillas, les paramilitaires, les corrompus, les narcotrafiquants, la délinquance commune, certains systèmes économiques… La situation la plus dramatique en ce sens est celle des paysans pris entre les exigences simultanées des guérillas, des paramilitaires et des Forces Armées. Ce sont toujours eux les perdants, de quelque manière que ce soit. Ils sont éliminés. Dans une société YANG / yin, le peuple, écrasé par ses dirigeants légaux ou illégaux, est éliminé.

 

L’autre élément qu’il faut prendre en considération est que nous disposons de deux instruments pour connaître notre monde : l’intellect et la sensibilité. La tête et le cœur. Le premier est l’instrument Yang, masculin, de connaissance du monde. Le second, la sensibilité, en est l’instrument Yin, féminin. Les animaux ne disposent que du second. On est bien obligé de considérer que si le futur de la Planète est compromis, ce ne sont pas la présence ou le comportement des animaux qui sont en cause, mais bien ceux des êtres humains, qui parce qu’ils disposent d’un intellect sont supposés, mais semble-t-il à tort, plus intelligents. L’intellect semble donc faire partie du problème. Cet instrument est en effet une arme à double tranchant. Il nous sert, par l’intermédiaire des idées, à nous faire connaître notre monde, mais en même temps, en raison du caractère abstrait des idées, il est incapable de nous faire connaître le concret du réel. Edgar Morin, qui est sans doute l’un des explorateurs les plus brillants du monde des idées résume ainsi cette situation : « Ce qui nous fait communiquer est en même temps ce qui nous empêche de communiquer[1], ». Et il décrit remarquablement ce qu’il advient si le dipôle de la connaissance (tête/cœur, intellect/sensibilité, science/conscience, texte/contexte, analytique/ systémique) se déséquilibre en YANG/yin : « De même que nous sommes possédés par les dieux que nous possédons, nous sommes possédés par les idées que nous possédons…De même que les dieux, les idées se livrent bataille à travers les hommes, et les idées les plus virulentes ont des aptitudes exterminatrices qui dépassent celles des dieux les plus cruels… Le marxisme stalinien a été capable de posséder l’esprit de très grands scientifiques, où il a pu refouler durant des dizaines d’années, comme autant d’ « ignobles calomnies », les preuves accumulées de son mensonge. C’est dire la force des idéologies, face au réel et contre lui. Les faits sont têtus, disait Lénine. Les idées sont encore plus têtues, et les faits se brisent sur elles plus souvent qu’elles ne se brisent sur eux.[2]»

 

Cette impossibilité de coller au réel, de se rendre compte du contexte dans lequel elle se trouve, de même que sa fuite et son enfermement dans le monde mental (la noosphère), donc l’impossibilité pour elle de questionner sinon les fins de son action du moins les moyens (l’usage permanent de la force Yang d’affrontement et d’élimination à la place de celle d’influence et de transformation), la prééminence qu’elle donne aux idées sur les faits, font de la guérilla l’un des modèles parfaits de cette maladie, l’hémiplégie énergétique Yin.

 

Au départ, les paysans colombiens (partie Yin, féminine, horizontale de la société, en relation avec la Nature, l’alimentation…) sont, comme c’est « obligatoire » dans une société patriarcale, victimes de l’oppression de l’establishment (partie Yang, masculine, verticale de la société : Etat, Forces Armées, Eglise, propriétaires terriens non paysans, villes, immeubles…). Certains d’entre eux ont entièrement raison quand ils décrivent l’inégalité, l’oppression, l’injustice qui sont bien réelles, mais ont tort de prendre ces symptômes pour le diagnostic ; ils ont tort quand ils pensent que le problème vient de l’excès des autres en Yang quand c’est leur propre pénurie de Yin qui est en cause.

Ils ont entièrement tort quand, sur la base d’une erreur méthodologique élémentaire, ils décident de s’opposer de manière frontale (Yang) à leurs oppresseurs. Cette idée « lumineuse » leur est parvenue à travers une idéologie, celle qu’ont produite et adaptée les intellects (Yang) de Karl Marx, d’Engels, de Lénine ou de Staline. Ainsi une idée (Yang) dans un cerveau paysan (Yin) transforme ce paysan (Yin) en un guerrier (Yang). En réaction, l’Etat se renforce, les Forces Armées se renforcent, apparaît le paramilitarisme (le tout hyper-Yang), la répression et l’oppression du paysan s’aggrave, la guérilla se lie au trafic de drogues et fait alliance avec la grande délinquance. Et le sort du paysan colombien est pire que jamais. Et il faut rajouter à cela une évidence : si les guérillas ont recours aux armes, c’est qu’elles sont faibles. Ce recours à la violence est la marque d’une impuissance. Particulièrement d’une impuissance Yin. Et c’est l’entrée dans un cercle sans fin de brutalité stérile. On notera bien que ce qui fait réellement le problème des guérillas n’est pas tant elle-même, c’est à dire les êtres humains qui le composent, que l’idéologie, la raison close qui la génère. Aussi la transformation de la situation devra aussi passer par une action dirigée non pas contre des êtres humains mais contre la fermeture mentale qu’est une idéologie. C’est ce que nous envisagerons plus loin dans le traitement de la maladie de la Colombie.

 

Le sous commandant Marcos, qui représente la formule « soft » de la guérilla, n’a pas non plus toujours exclu l’usage des armes, même s’il reconnaît que la prise de pouvoir aboutit à « des échecs et des déroutes occultées derrière leur propre masque ». « Il y a un pouvoir oppresseur qui, d’en haut, décide pour la société, et un groupe d’illuminés qui décide de conduire le pays par le bon chemin, déplace l’autre groupe du pouvoir, prend le pouvoir et décide aussi pour la société ».[3] S’il utilise le terme d’ « illuminés », c’est qu’il voit bien que les victimes d’une idéologie, comme d’ailleurs ceux d’une confession, n’ont plus de contrôle sur leur intellect et deviennent inconscients. Et c’est le naufrage d’une société. L’intellect est un faux ami. Et les intellectuels courent donc le risque d’être de faux amis du peuple. Le peuple devrait le savoir.

 

Le grand gagnant de toute cette confusion est toujours la Bête. L’attaque frontale (Yang) n’a servi qu’à la faire croître. Et le peuple colombien, pour une erreur de diagnostic de ses « dirigeants » intellectuels (donc insensibles et coupés du réel) continue à livrer son énergie à son bourreau. Les grands perdants dans cette erreur méthodologique grave sont le paysan colombien, le peuple colombien, la Colombie et l’humanité.

 

Ce qui aurait été juste, logique et intelligent, en présence de cet excès de Yang, aurait été de faire croître la force Yin, de réveiller La Belle. Cela se serait traduit par le renforcement, entre autres, de la collaboration, de la cohésion, de la conjonction au sein de la communauté paysanne, par la création de réseaux de solidarité, de coopératives, de mutualités, d’une organisation sociale forte, d’un tissu social serré qui auraient empêché les dirigeants de se servir du peuple et les auraient obligés à remplir leur rôle : servir le peuple.

 

Il serait logique et prudent que la Nation n’attende pas trop que la guérilla (hyperYang) se donne ou développe le Yin qui lui fait tant défaut. Elle pourrait certainement attendre encore longtemps. De fait, tous les systèmes déséquilibrés, comme la guérilla, sont dans l’incapacité et l’impossibilité de se voir comme tels (on ne prend conscience du déséquilibre dans lequel on se trouve que quand on en sort), enfermés qu’ils sont dans la caverne de leur idéologie, possesseurs de « la » vérité, sans perception possible du réel et du contexte, et donc sans raison de changer. On ne peut donc attendre d’elle aucune « conversion » spontanée. En conséquence, il serait logique que ce soit la Nation elle-même, et particulièrement, en son sein, ses responsables politiques, religieux, économiques et sociaux, tous ceux qui s’affirment « colombianos de bien » et tous ceux qui veulent faire partie de la solution qui entreprennent de développer, de réveiller en eux-mêmes et, par la même occasion en toute la société, y compris en tous les antisociaux (les violents, les corrompus, et les endormis, par exemple) cette force Yin qui leur manque.

 

La Nation peut réellement passer d’une impuissance désespérante à une action intelligente et efficace dans le sens de sa propre auto-réorganisation en entreprenant de réveiller ses propres forces de transformation.

[1] MORIN Edgar. La méthode, T 4, Les idées. Leur habitat, leur vie, leurs mœurs, leur organisation. Points Seuil, Paris, 1991, p 115.

[2] Ibid. p 121.

[3] Revista Cambio, Marzo 26, 2001

mardi, 25 avril 2017 21:44

Les paramilitaires

Les paramilitaires sont apparus en réaction aux brutalités des guérillas. Ils sont eux aussi des modèles d’ « hémiplégie énergétique Yin ». Ils sont aussi déséquilibrés que ceux qu’ils prétendent éliminer. Leur problème c’est d’être persuadés, tout comme ceux qui les commanditent, que la seule solution au problème de la guérilla est l’élimination physique des guérilleros. Leur hémiplégie ne leur permet pas de concevoir qu’ils pourraient se transformer. Ils ont raison sur un point : on peut penser en effet que certains guérilleros, pour des raisons qu’il serait très intéressant d’approfondir, ne se transformeront jamais, ne se « convertiront » jamais. Auquel cas, s’ils se retrouvent éliminés, légalement, par la société (prison ou mort) ou illégalement par le paramilitaires, il ne faudra pas qu’ils s’étonnent ni se plaignent. Mais il est difficile de prétendre que sur les quelques vingt mille combattants de la guérilla, il n’y en aurait pas une grande majorité qui serait en mesure de se transformer et qui en aurait envie. Beaucoup de ces combattants ne sont là que pour des raisons circonstancielles et n’attendent que certaines opportunités pour changer de situation.

 

Par ailleurs, l’actualité de ces derniers temps est la démobilisation des paramilitaires. Ce processus soulève des difficultés considérables de tous ordres. Les mesures qui sont envisagées pour en venir à bout entrent dans le cadre : « Vérité, justice et réparation ». A ces trois mots fondamentaux, il faudrait penser à rajouter un quatrième : « Transformation ». Le proverbe le dit bien: « Vaca ladrona no olvida el portillo[1] ». Comment peut-on croire que des personnes qui ont pris l’habitude de passer si souvent la barrière du respect et de l’humanité et celle de la légalité n’en viendront pas à la passer de nouveau si au cours de leur nouvelle situation, il devait se présenter des problèmes difficiles (d’emploi, de sécurité…). Les paysans savent bien qu’un chien qui a mordu des brebis, un chien qui a connu le goût du sang, mordra de nouveau, et ce chien est toujours éliminé. Comment imaginer que des gens qui ont connu si souvent le goût du sang ne représenteront pas de nouveau un danger pour la société si celle-ci les réinsère en son sein sans transformation ? Une société confrontée à ce type de problèmes doit envisager sérieusement l’éveil de son propre Yin, et celui de ses paramilitaires, d’une manière ou d’une autre, sinon elle retombera incessamment dans les mêmes ornières.

 

C’est d’ailleurs ce qui se produit avec les services de l’état comme le DAS[2] qui ont à entretenir des relations avec les paramilitaires, démobilisés ou non. Dans la mesure où les paramilitaires ne sont plus les ennemis déclarés, à éliminer de manière Yang, il n’y a plus cette distance avec l’ennemi, cette sorte de « no man’s land [3]» entre eux et les services de l’état. Il se crée une sorte de familiarité avec les « anciens » paramilitaires. Et comme ces services n’ont pas de force Yin, non seulement ils ne peuvent pas obtenir une transformation de leurs anciens adversaires, mais en plus ils ne peuvent même pas se défendre de la contamination hyper Yang que ces anciens adversaires ne manqueront pas de générer chez leurs partenaires. Si le président et les dirigeants sont eux aussi en retard de Yin, ce ne sont pas eux qui vont pouvoir contrecarrer ce jeu de forces, ni même le détecter à temps. Si une situation n’est pas gérée sur le mode Yang fort, elle doit l’être sur le mode Yin fort. Si les paramilitaires ne sont pas éliminés, ils doivent être transformés. Avant de se lancer dans une opération de ce type, le gouvernement et la société doivent s’assurer qu’ils disposent des ressources suffisantes en énergie Yin pour ne pas se faire prendre la main par des forces qu’ils ne pourront pas contrôler.

 

[1] La vache voleuse n’oublie pas le portillon.

[2] DAS : Département Administratif de Sécurité

[3] No man’s land : expression anglaise qui désigne la zone neutre et désoccupée entre deux fronts de bataille

mardi, 25 avril 2017 21:44

Les tyrans et les terroristes

Depuis bien longtemps, les êtres humains paient un lourd tribut aux tyrans. L’existence même des tyrans ne manque pas de susciter de nombreuses questions : pourquoi une société permet-elle qu’une tyrannie s’installe, où le tyran remplit la fonction de bourreau et la société celle de victime ? Pourquoi les tyrans et dictateurs restent-ils le plus souvent impunis ? Pourquoi une société entière a-t-elle tant de mal à se débarrasser de son tyran ? Pourquoi beaucoup d’entre eux terminent-ils leurs jours tranquillement, dans des pays d’accueil très généreux avec eux ?

 

Les terroristes sont maintenant de grande actualité. Leurs actions défraient la chronique de manière régulière. Si le terrorisme en soi-même soulevait déjà beaucoup de questions, son aggravation sous la forme d’attentats maintenant commis par des êtres humains suicidaires qui acceptent de s’immoler dans leur acte démentiel, ne fait qu’amplifier l’incompréhension du phénomène. Comment des êtres humains peuvent-ils en arriver à ces extrémités ? Comment une société permet-elle que, de son sein, naissent ces comportements ? Pourquoi ces individus et ces sociétés fonctionnent-ils si mal ? Pourquoi sommes-nous si impuissants face à ces faits ? Et surtout quelle compréhension profonde du phénomène devrions-nous avoir qui permette de mettre fin à ce calvaire ?

 

L’énergétique des systèmes vivants offre des réponses à toutes ces questions. Si ce qui permet à un système vivant de fonctionner est bien son énergie, et si l’on admet que nos sociétés, que la Colombie, que l’humanité souffrent d’un profond déséquilibre YANG/yin, on comprendra que tous ces systèmes ne puissent secréter que des comportements Yang excessifs : appropriation, contrôle et élimination excessifs. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il est impossible qu’il en soit autrement dans le contexte d’un tel déséquilibre. Ce n’est pas une question de bonne ou de mauvaise volonté, ce n’est même pas à l’origine une question de perversion, c’est une question de déséquilibre. C’est la présence, dans un secteur de notre fonctionnement, d’un excès d’une certaine force qui prend possession des plus vulnérables (ou des mieux disposés) et les oblige à commettre des actes insensés (c’est-à-dire qui n’ont pas de sens par eux-mêmes). C’est l’absence, dans un autre secteur de notre fonctionnement, d’une force antagoniste, qui serait capable de corriger ce déséquilibre et de contrecarrer ses effets néfastes. Sans vent, un cerf-volant ne pourra jamais voler. Une société sans Yin ne pourra jamais qu’exprimer de mille manières son excès de Yang. Plus une société sera déséquilibrée, plus elle fabriquera des tyrans et des terroristes, et plus ceux-ci vivront bien, grâce à l’accord inconscient que leur donnent leurs victimes. On peut combattre indéfiniment les acteurs du terrorisme (ou, plus insensé encore, « le terrorisme » lui-même), tant que les citoyens de la Terre ne réveilleront pas leur Yin, ce combat se fera en pure perte, ce ne sera éternellement que tyrannie, terrorisme, barbarie, cruauté, avec une population inconsciemment complice de ses bourreaux.

 

Le problème fondamental est que tout système déséquilibré se sent et se sait fragile et va donc s’appuyer sur sa partie forte, Yang, et ce faisant, aggraver sa situation en mutilant encore davantage ce qui lui serait le plus utile, son Yin. On appelle cela un cercle vicieux. Nous allons reprendre ce point à propos du déséquilibre des systèmes religieux.

mardi, 25 avril 2017 21:44

Le fondamentalisme religieux

 

L’optimisme éthique porte en soi le terrorisme.

                                                                                                                                                                       Eugen Drewermann

 

Dans une religion, comme dans tout système vivant, on retrouvera un pôle Yang et un pôle Yin. Le pôle Yang est son pôle institutionnel, extérieur, exotérique. Il est la partie visible, brillante, de la religion. Son rôle est de proposer, de promouvoir une morale, c’est-à-dire un code de vie en commun (une morale collective ou une éthique individuelle). Il nous dit ce qui est bien et ce qui est mal ; il nous invite, nous enjoint à choisir de faire le bien. Il s’appuie sur des textes, considérés comme sacrés, comme des messages divins.

 

Le pôle Yin est son pôle mystique, intérieur, ésotérique. C’est la partie discrète, cachée, cloîtrée, mal connue, de la religion. Son rôle est de permettre la divinisation de l’être humain, sa transformation en « Homme de Lumière ». Cela suppose une alchimie, une transmutation en « or » du « plomb » de la personnalité (la violence intrinsèque, les pulsions naturelles, les pathologies…). Cette transformation suppose l’illumination des profondeurs de l’être, donc l’exploration de l’inconscient mais aussi l’accueil bienveillant de ce « plomb », l’acceptation de ces réalités profondes et obscures, « l’Ombre », non pour en jouir comme le feraient les pervers, mais pour pouvoir en opérer la transmutation. C’est la voie des profondeurs, Yin.

 

Un système religieux en équilibre conduit ses fidèles dans les garde-fous de la morale à la réalisation de leur propre Essence Divine. Cette réalisation est le fruit d’une transformation réelle et non d’une simple imitation. Un tel système religieux, efficace, justifie ainsi sa raison d’être.

 

Un système religieux en déséquilibre YANG/yin (et aucun de ceux que nous connaissons n’échappe à ce déséquilibre) met l’accent de manière exclusive sur la morale. Il dit « la » vérité. Cette morale n’est plus proposée, elle est imposée comme un joug. C’est « l’immense effort moral » auquel les fidèles doivent s’attacher, c’est l’Ordre Moral. Il est fait grand usage de la parole, parfois de la vocifération, voire de l’invective, voire de la fatwa[1]. Il est fait référence en permanence aux textes sacrés, qui sont interprétés superficiellement, au pied de la lettre, leur sens profond (Yin) échappant à la majorité des fidèles. Un système religieux hémiplégique Yin a recours très facilement à l’élimination pour arranger ses problèmes (excommunication, fatwa, guerres de religion…). Un tel système religieux voit toujours son pôle institutionnel, enfermé dans ses barrières dogmatiques, persécuter les mystiques et les libérés. Un tel système religieux est païen sans le savoir. Il ne se justifie que si le peuple pense avoir besoin de bourreaux.

 

Le fondamentalisme, c’est l’expression d’un excès de Yang dans un système religieux. Plus une religion est déséquilibrée, plus son fondamentalisme se fait violent. Ce qu’il faudra traiter, ce n’est pas le fondamentalisme, qui n’est qu’un symptôme, mais le déséquilibre, qui en est la cause, et dans ce déséquilibre, son pôle non fonctionnel, le Yin.

 

Un système religieux en déficit de Yin va se montrer incapable de transformer quoi que ce soit. Il perd toute opérativité alchimique. Il n’est plus en mesure de rencontrer et d’accueillir « l’Ombre », sa morale le lui interdit. Il ne sait plus projeter la lumière sur ses propres profondeurs, il en a peur. Il n’est donc plus à même de transmuter cette Ombre en Lumière. Ni dans les individus, ni dans la collectivité. Il ne peut plus régler ses problèmes par la transformation intérieure, alors il envisage d’éliminer ses « ennemis » extérieurs. C’est pour cela qu’en Colombie, de la manière apparemment la plus paradoxale, coexistent une telle religiosité et une telle criminalité. C’est pour cela que les musulmans modérés sont incapables de contrôler les factions islamistes qui pratiquent le terrorisme, l’élimination de masse et qui défigurent et déshonorent le message de paix et d’évolution de l’authentique Islam.

 

Un système religieux en déséquilibre se sent fragile. Il va donc avoir tendance à se replier sur ses éléments forts, à s’appuyer sur ce qui, en lui, lui paraît fort. Ce faisant, sans le savoir, ces systèmes religieux, depuis toujours, se réfugient dans les bras de leurs bourreaux. Croyant se sortir de leurs problèmes, ils les aggravent. Les fondamentalistes sont faibles (s’ils ne l’étaient pas, ils n’utiliseraient pas les armes et la violence) mais paraissent forts, et, pour cela, il n’y a pas de crise de recrutement dans les groupes religieux fondamentalistes alors qu’il y en a dans les groupes modérés. Dans le contexte d’insécurité planétaire où l’avenir se fait de plus en plus incertain, alors qu’un cardinal brésilien, homme de terrain, près du peuple, était ressenti par beaucoup de chrétiens comme une option valable et souhaitable pour être le nouveau pape, le choix des cardinaux a porté sur le sommet de la hiérarchie ; selon eux, pour protéger l’Eglise et la faire évoluer, se transformer, le nouveau pape ne pouvait être que de lignée très conservatrice, patriarcale, Yang. En éligeant Ratzinger, les cardinaux ont donc aggravé le déséquilibre de l’Eglise et sa fragilité.

 

Les réactions de certains secteurs de l’Eglise à la parution du livre de Dan Brown puis du film « Le code Da Vinci » sont sur ce point exemplaires. On pourrait donner de cette affaire l’interprétation suivante : par des voies qui ne sont connues que de Lui, « il a plu à Dieu » de mettre « son » Eglise devant un questionnement : « Qu’as-tu fait de ton Féminin Sacré, de ton Yin ? Pourquoi présentes-tu Marie-Madeleine comme une prostituée, s’il est vraisemblable qu’elle ait été fille de roi et compagne de Jésus ? Pourquoi persistes-tu dans ton déséquilibre patriarcal, quand le monde a tant besoin d’équilibre, et que d’autres secteurs de la société, eux, se réveillent ? » Et l’on a entendu les censeurs hémiplégiques crier au blasphème et exiger l’interdiction de ce livre et son élimination, alors pourtant que de manière déguisée, celui-ci leur indiquait une voie de salut. Le manque de Yin mène toujours au manque de compréhension et au fanatisme.

 

Tous les systèmes religieux sont dysfonctionnels, ils ont tous un besoin impératif de transformation. Ceux qui voudront survivre seront tenus de favoriser le réveil de La Belle en eux, de permettre le retour et la revalorisation de la mystique. Tous devront orienter leurs messages vers l’expérience directe et transformante du sacré et de l’unité, plutôt que sur son évocation indirecte à travers les textes, les discours de leurs prêtres et les déclarations officielles de leurs papes.

[1] Une fatwa ou fetfa ou fetva (arabe : فتوى [fatwā], avis juridique, au pluriel : fatāwa) est, dans l'Islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi religieuse sur une question particulière… Contrairement à l'opinion répandue, une fatwa n'est pas forcément une condamnation… En occident, cependant, le terme fatwa est régulièrement mal compris ou assimilé (réduit) à certains de ses aspects les plus violents… 

Fatwa, http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fatwa&oldid=18623140 (Page consultée le juillet 8, 2007).

 

mardi, 25 avril 2017 21:44

La corruption

Pour comprendre la corruption et pouvoir la corriger, il conviendrait de déterminer les raisons de son apparition. Il faut répondre à la question de l’origine de cette “nécessité” chronique de voler, de tromper, de s’approprier le bien d’autrui, de profiter, d’abuser, nécessité que nous rencontrons paradoxalement même chez ceux qui ont déjà amplement tout ce qu’il faut pour vivre.

 

L’expérience de l’énergétique humaine peut contribuer à la compréhension et à la solution de ce fléau. Elle relie ce comportement à un vide énergétique, à la souffrance et à la confusion que celui-ci crée en la personne et à une nécessité « vitale » de le compenser, quel que soit le procédé. L’humanité, d’une manière générale, souffre d’un vide énergétique important, aussi bien quantitatif que qualitatif. Son bilan énergétique est négatif. Beaucoup des comportements des êtres humains ne sont alors que des comportements de compensation artificielle de cette pénurie d’énergie. La recherche du pouvoir, de la gloire, la nécessité de briller en société, l’usage des drogues, du tabac, toute forme d’accumulation (l’argent, les propriétés, les amants…) sont le plus souvent en relation avec cette pénurie d’énergie. Toutes ces accumulations (d’éléments extérieurs) n’ont aucun effet sur le déficit énergétique (intérieur) et beaucoup de corrompus terminent ainsi leur vie en prison pour ne s’être pas arrêtés de voler « à temps ». Les corrompus sont des malades : ils sont des hémiplégiques Yin.

 

Ce point de vue rend compte du caractère parfaitement illusoire de tout effort visant à diminuer ou supprimer la corruption sans appliquer le remède à ce qui la génère : la pénurie d’énergie de la société. Une société qui ne corrigerait pas son déficit énergétique ne viendra jamais à bout de la corruption qui la ravage.

Le déficit quantitatif d’énergie suffirait déjà à lui seul à expliquer l’existence de la corruption, la vision à court terme qui l’accompagne ainsi que l’échec de toutes les tentatives visant à y mettre fin. Mais la corruption est aussi directement liée au déficit d’ordre qualitatif : déficit de Yin générant un excès de Yang. Plus un individu sera déséquilibré YANG/yin, plus il sera victime du désir insatiable (hyper Yang) de s’approprier le bien d’autrui, plus il aura de mal à ne pas passer la barrière morale qui lui interdit de voler, plus il fera usage de la force, plus, conforme à la loi du plus fort, il recourra à l’élimination des plus faibles. A côté des symptômes en relation avec l’hyper Yang, la pénurie de Yin génère, elle, des manifestations d’hypo Yin comme la perte des valeurs, l’insensibilité sociale, l’impossibilité totale de percevoir le contexte dans lequel on se trouve, le mépris total pour le collectif (qui n’est jamais considéré que comme une « vache à lait »), l’atrophie de la pensée systémique, l’impossibilité de comprendre ce qu’est une communauté, sa bonté, sa nécessité… Toutes ces anomalies sociales qui choquent tellement toute société victime de cette corruption trouvent leur explication dans ce déséquilibre énergétique.

 

On peut rajouter à cela que les corrompus sont des retardés. Ils ont « raté le train ». Ils ne voient pas que quand le jour est en train de se lever, ils continuent à fonctionner selon les lois de la nuit. Ils ne se rendent pas compte qu’un jour ils se feront prendre, parce qu’avec ce lever du jour, avec la fin de « la horrible noche », leurs actions vont devenir de plus en plus visibles et qu’ils se feront prendre.

mardi, 25 avril 2017 21:44

La non-violence

Laissons les Juifs, qui se proclament le peuple élu, prouver leur titre en choisissant le chemin de la non-violence pour revendiquer leur position sur la Terre.

   Mahatma Gandhi, 26 novembre 1938

Le concept de non-violence se réfère au refus d’utiliser la violence pour résoudre les conflits. Mais cette notion est délicate et incomprise. Même ceux qui la promeuvent et s’en revendiquent n’en ont souvent pas une vision bien claire.

 

Une première cause de cette incompréhension en est l’ambiguïté du nom. Si la non-violence est une valeur positive, une force constructive dont on espérerait la transformation des violents ou des situations de violence, pourquoi la nommer comme étant la négation d’une valeur négative ? Cela équivaut, par exemple, à méconnaître le mot « lumière » pour le remplacer par le mot « non-obscurité ». Cette valeur positive n’est jamais clairement ni conceptualisée, ni exprimée.

 

Jacques Sémelin[1] nous rappelle que la non-violence « repose sur deux principes fondamentaux et indissociables :

 le refus de la violence, que Gandhi rattache pour sa part à la notion d’ahimsa, terme sanscrit composé du préfixe privatif a et d’un dérivé de la racine han, « nuire, faire du mal »…

 la recherche d’une manière d’agir permettant de lutter sans violence contre la violence, dont Gandhi a voulu exprimer la nouveauté en forgeant le terme de satyagraha, « force de la vérité » 

Et il ajoute : « Aussi le mot « non-violence » suscite-t-il de fréquents malentendus. Car si sa structure sémantique exprime clairement la première dimension (refus de la violence), elle n’évoque nullement la seconde (une manière d’agir). » Pierre Févre dit bien qu’« en accolant une négation à l’absurdité de la force brute, on n’en fait pas surgir une plénitude de vie raisonnable ». [2]

 

Cette difficulté à nommer traduit le caractère peu visible, peu connu de cette force dont on attend cependant qu’elle transforme adversaires et situations. Pour lever cette ambiguïté, nous pourrions comprendre la violence et convenir de la désigner sous le nom de « la Bête ». Chacun comprendra que sa disparition et sa transformation sont liées au réveil de « La Belle », qui est cette « force de la vérité », satyagraha, cette force Yin d’influence, cette manière d’agir. Le terme « La Belle » exprime une valeur positive, et recouvre tous les sens donnés jusqu’à présent à la mal nommée « non-violence ».

 

Une société peut atteindre une « plénitude de vie raisonnable » dans la mesure où elle retrouve son équilibre Yin/Yang. Bien que la dénomination « Belle » ait un caractère symbolique, il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit. « Pour le politologue américain Gene Sharp, des expressions comme « action non violente », ou « combat non violent » permettent de lever l’ambiguïté précédente. En effet, les termes d’action ou de combat expriment un mouvement, une dynamique, tandis que l’adjectif « non violent » suggère une restriction. « Action non violente » renvoie ainsi à l’idée de la mise en œuvre d’une énergie collective[3] qui, tout en se développant, cherche à se contenir, à se réfréner. »[4] Une collectivité, parce qu’elle respecte la vie, s’interdit l’usage de la force Yang d’affrontement, d’élimination et de violence. Mais décide de recourir à une énergie collective (le terme est bien choisi), la force Yin d’une communauté, La Belle. La Colombie est capable de cette énergie collective, elle a en elle ce potentiel d’énergie Yin collective, mais La Belle en elle dort encore.

 

La deuxième raison de l’inefficacité de cette non-violence est que ceux qui la promeuvent n’ont pas développé en eux-mêmes cette force Yin, ce qu’avaient fait dans une certaine mesure Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela. On ne s’improvise pas du jour au lendemain leader de la non-violence. La Belle ne se réveille pas en nous par décret.

Le développement de la Force Yin exige des prédispositions, un certain équilibre naturel et un travail intense, prolongé et bien dirigé, malheureusement en général complètement sous-estimé. Il requiert aussi des concepts théoriques cohérents et une compréhension qui permettraient d’éviter des erreurs irréparables. A ce titre ce qu’ont vécu Guillermo Gaviria et Gilberto Echeverri[5] est suffisamment dramatique pour qu’on en tire tout l’enseignement possible. Il faut bien admettre que s’ils ont perdu la liberté, c’est qu’ils ont commis une erreur. Leur erreur a consisté à surestimer la force (Yin) de leur mouvement et la leur, ou à sous-estimer la barbarie (hyper-Yang) de leurs adversaires. Ils n’ont pas vu qu’au sein d’une communauté (qui a sa propre force Yin), ils adoptèrent le statut de hiérarques (Yang) pour aller discuter (sans les mesures de protection normales des hiérarques (la police, les forces armées) avec un ennemi impitoyable (hyper-Yang) quand il aurait été normal que ce soit la communauté elle-même (Yin) qui tienne la discussion, si discussion il devait y avoir. Gaviria et Echeverri auraient dû voir que la force d’une marche comme celle qui était organisée est une force Yin, d’autant plus conséquente que la cohésion du groupe était grande, et que eux n’étaient rien d’autres que deux membres ordinaires de cette communauté, en ce sens qu’ils n’avaient pas travaillé et développé en eux-mêmes cette force Yin. Ils auraient dû voir qu’ils perdraient toute force et toute protection s’ils se séparaient de leurs compagnons. Il n’a pas été permis à la communauté d’exercer sa force, elle a été reléguée au second plan par les organisateurs eux-mêmes. Ce n’était donc pas la peine d’organiser une marche. N’est pas Gandhi qui veut.

 

Si le président Pastrana s’est fait élire, en 1998, sur la base d’un programme de dialogue avec la guérilla, c’est qu’il optait pour une politique de non affrontement. Délibérément il refusait d’en finir avec les guérillas par leur élimination Yang. Implicitement il pensait pouvoir obtenir la transformation de la situation d’une autre manière, d’une manière non-violente, en l’occurrence le dialogue. C’est le dialogue qui est présenté généralement comme l’unique option si on écarte celle de l’affrontement et de l’élimination. Malheureusement ce dialogue n’avait pas de force, et la Colombie l’a bien vu. Il ne fallait pas arriver à ces dialogues en position de faiblesse ; il fallait utiliser la Force. Il fallait pouvoir disposer d’une force importante, dans ce cas d’une force Yin. Parce que si on n’élimine pas, il faut transformer. Mais pour cela il faut être fort en Yin. Dans le contexte de l’époque, on n’avait aucune idée de l’existence de cette force de « La Belle ». Le résultat est que la guérilla n’a été ni transformée, ni éliminée.

 

Inversement, quelques communautés villageoises colombiennes ont réussi à repousser les attaques de la guérilla en adoptant une stratégie remarquable : au lieu de fuir ou de se terrer, les villageois sont tous sortis sur la place publique avec des tambours et ont empêché ainsi les exactions de la guérilla qui ne pouvait se résoudre à tirer dans le tas. Dans certains cas, les guérilleros sont repartis à pied, bredouilles. Le paradoxe absolu a consisté en ce que c’est la population qui a protégé les policiers chargés de la protéger. Ils ont réalisé un changement 2, un changement-métamorphose. Ces villageois ont constitué spontanément une communauté Yin forte qui a infiltré et inhibé la violence des guérilleros.

 

A titre d’exemple, on peut citer une expérience du même ordre à l’étranger. Le même phénomène s’est ainsi reproduit en Ukraine en décembre 2004[6], où la population, alors que l’ « ours russe » était pourtant aux aguets, ne s’est livrée à aucune violence, à aucun affrontement, mais a obtenu ce qu’elle voulait (de nouvelles élections, sans fraude) par la force, la sienne, celle d’une communauté, celle de La Belle, une force d’influence Yin notable.

Carte XI Tarot

 

[1] SEMELIN Jacques. La non-violence. Encyclopædia Universalis, CD-ROM, 2002.

[2] FEVRE Pierre. Pacifique (équilibre). Encyclopædia Universalis, CD-ROM, 2002.

[3] Souligné par l’auteur.

[4] SEMELIN Jacques. La non-violence. op. cit..

[5] Guillermo Gaviria (ancien gouverneur du département d’Antioquia) et Gilberto Echeverri (ancien ministre colombien de la Défense) furent séquestrés lors d’une marche non-violente organisée en avril 2002 puis furent abattus par les Farc en même temps que huit militaires, eux aussi séquestrés, lors d’une tentative de libération le 5 mai 2003.

[6] La Révolution orange est une série de manifestations et de grèves qui se sont déroulées en Ukraine à la suite de l’élection présidentielle de novembre et décembre 2004, en protestation contre la fraude électorale. Ce mouvement social apparemment spontané, soutenu par le candidat Victor Iouchtchenko a abouti à la tenue d’un troisième tour des élections qui a porté ce dernier à la présidence le 23 janvier 2005.

mardi, 25 avril 2017 21:44

La libération des otages

Quatre mille deux cent personnes[1] sont en ce moment aux mains des guérillas colombiennes et autres groupes de malfaiteurs, retenues dans la plus grande insécurité, victimes de toutes les cruautés et faisant office de boucliers humains. Quatre mille deux cent personnes sont dans la gueule de la Bête.

 

Leur libération peut être le fruit d’une politique Yang d’affrontement et d’élimination. Les Colombiens savent ce qu’il en est, ils en ont fait l’expérience avec la libération manquée des otages d’Urrua. Ceux qui se sont retrouvés éliminés sont les otages, dont certains, des militaires, des serviteurs de la Nation, étaient retenus depuis plus de six ans. Pour les autorités colombiennes responsables de cette politique Yang, c’est l’échec et l’humiliation. L’angoisse des familles des séquestrés, c’est que celles-ci aient de nouveau recours à cette politique armée.

 

La carte XI du Tarot nous propose une autre politique pour leur libération, une politique Yin : il est possible d’ouvrir sans violence la gueule de la Bête. Cet arcane du Tarot n’est pas l’expression d’un idéalisme béat. Il est au contraire une invitation à nous connaître mieux, à découvrir la force Yin, individuelle et collective, dont nous pourrions disposer si elle était réveillée. L’expérience quotidienne de son maniement montre que toute personne qui fait le nécessaire pour la développer en soi parvient à se libérer de toute forme de cruauté ou d’oppression (extérieure et intérieure). Il en est de même pour une collectivité. Une collectivité peut se libérer et obliger la Bête à lâcher ses victimes en réveillant sa propre Belle. De même que la libération d’un individu dépend de sa décision et de son travail, de même celle de la Colombie dépend de la décision et du travail de chacun et de tous ceux de ses associés qui la composent. Il est donc certain que la situation des otages n’est pas absolument sans issue. Celle de la Colombie non plus. Le mode Yang de libération des otages n’ayant pas donné beaucoup de résultats, l’accord humanitaire étant, lui, improbable, vues les conditions qu’imposent les parties, il reste l’option Yin de résolution des conflits, le réveil de La Belle collective.

 

[1] Selon « Las voces del secuestro » organisation qui recense les séquestrés et essaie de les mettre en contact avec leur famille par la radio, actuellement, plus de 4200 personnes sont séquestrées en Colombie.  www.lasvocesdelsecuestro.com

 

Le machisme est un pur produit du patriarcat, peut-être le plus visible, dans certaines contrées, dont la Colombie. La figure du macho violent, orgueilleux, susceptible et jaloux est très commune dans cette culture, et ses racines espagnoles y sont certainement pour beaucoup. Le spectacle qu’offrent ces mâles violents, déséquilibrés et ridicules ne serait que grotesque s’il ne s’accompagnait pas de ses conséquences si dramatiques en termes d’agression des femmes. La criminalité due au machisme est d’une fréquence alarmante et oblige à en comprendre bien les tenants et les aboutissants pour lui appliquer les remèdes appropriés. Le machisme laisse les femmes vulnérables et désemparées et génère interrogation, perplexité et impuissance chez les professionnels de la santé, psychiatres, psychologues, médecins, travailleurs sociaux…

 

Le machisme est une illustration parfaite du thème de ce livre. Il s’agit d’un comportement qui traduit à l’évidence un déséquilibre. Un comportement est une manière de fonctionner. Le machisme est une manière anormale de fonctionner. Il s’agit d’un trouble énergétique extrêmement simple à identifier : une hémiplégie énergétique Yin. Un macho est un malade, il souffre d’un déficit d’énergie féminine Yin et donc d’un excès d’énergie masculine Yang. Il est difficile de trouver un exemple d’hémiplégique Yin plus fragrant que celui-ci et les personnes qui auraient encore des doutes quant à l’existence de l’énergie ou de sa bipolarité Yin/Yang, féminine/masculine, sont bien obligées, devant les comportements des machistes, de se rendre à l’évidence : leur déséquilibre est celui de leur énergie.

 

Les manifestations de cette hémiplégie sont celle de brutalité masculine, d’affrontement, d’agression, de coups, sous l’emprise d’une force qui pousse à l’élimination de l’autre. L’ensemble des valeurs du macho, biaisées et faussées par son déséquilibre énergétique, aboutit à une distorsion de la représentation de ce qu’est véritablement un homme et de ce qu’est véritablement une femme et fait que pour lui, le masculin est relié au bien, à la force et est légitime, et que le féminin est relié au mal, à la faiblesse et peut ou doit être éliminé. Cet autre qui est considéré comme non légitime, et « peut donc être éliminé » ne saurait être que la femme. Il n’est pas question pour le macho de s’en prendre à un autre mâle, c’est le féminin qui doit être éliminé, comme il l’est dans toute société patriarcale.

 

Quand le macho se sent stressé, provoqué ou menacé ou qu’il lui faut se soulager, c’est à l’énergie dont il dispose qu’il a recours pour « arranger ses problèmes », c’est-à-dire à son énergie masculine en excès. Il ne va pas exprimer les comportements liés à l’énergie dont il manque mais bien sûr ceux liés à celle dont il déborde. Le résultat ne peut être que ce que nous ne connaissons que trop bien : l’agression de la femme et son élimination.

 

Si le comportement des hommes dans le machisme attire toute l’attention et suscite des réactions d’indignation, de rejet, d’incompréhension, de condamnation unanime, il n’en reste pas moins que celui des femmes doit aussi être pris en considération. Car ce phénomène du machisme suppose que se conforment des couples bourreau / victime, et la victime ne peut pas toujours se dédouaner entièrement d’une certaine responsabilité dans cette situation. C’est ce qui semble apparaître à travers les commentaires qu’on entend parfois, du genre : « elle a bien dû faire quelque chose de pas clair », ou « quelque part, elle doit l’avoir mérité… ». Pire, cette mauvaise plaisanterie : « Frappe ta femme tous les jours, si tu ne sais pas pourquoi, elle, elle le sait ». Si on veut envisager le rôle des femmes dans le machisme, il faut aborder au moins deux points importants.

 

Le premier est celui de l’éducation donnée par les femmes, par la mère. Si la mère du jeune garçon peut avoir une vision équilibrée de la relation homme / femme, par son influence, par ses directives, ses explications et son autorité, elle lui imposera petit à petit cette vision équilibrée. Elle lui enseignera la notion de respect obligatoire et d’égalité (devant les tâches ménagères par exemple) et pour le jeune enfant cela sera vécu comme naturel (parce que maternel), et le respect sera le référent. Malheureusement, dans la société patriarcale, il est difficile même pour les femmes et les mères de se libérer des clichés dominants et du conformisme, il leur est difficile de ne pas être des complices involontaires d’un système qui les opprime. Le plus souvent les femmes consacrent déjà tellement d’énergie aux activités quotidiennes qu’elles n’en disposent plus pour prendre de l’altitude, considérer leur condition sous un autre angle et en changer. Et on connaît tous des femmes qui sont plus Yang que beaucoup d’hommes et qui ne sont plus seulement complices du système mais acteurs. Ces femmes déséquilibrées façonneront obligatoirement des enfants déséquilibrés qui n’auront jamais appris à respecter et valoriser le féminin en eux-mêmes, en la femme, dans la société et dans la Nature. En cela réside une part de la responsabilité des femmes dans le machisme.

 

Le second point est que si le mari macho est un malade, un hémiplégique Yin, sa femme l’est aussi, elle souffre aussi de la même hémiplégie Yin. Si elle ne l’était pas, si elle disposait vraiment d’un Yin fort, cette énergie transformerait ou aurait transformé son mari. Cette force obligerait son mari soit à se transformer soit à s’en aller. Cette force, si elle était suffisamment réveillée, ferait plus qu’imposer le respect à son mari, elle le transformerait, elle permettrait à cette femme de vivre avec un « prince ». Dans le couple macho violent / femme battue, il y a le responsable « par action » et la responsable « par omission » ; les deux sont responsables parce qu’ils sont hémiplégiques Yin, et la femme vit avec une « bête ». Et c’est cela qui fait que des femmes battues, au grand étonnement de tous, donnent une deuxième chance à leur bourreau. C’est qu’elles sentent en elles, à juste titre, une part de responsabilité dans la situation, elles sentent confusément qu’en raison d’une déficience personnelle, elles ont manqué à leur devoir, qu’elles ont failli à une mission qu’elles se donnaient et qu’elles croyaient possible : transformer ce mari qu’elle savaient déséquilibré. C’est alors à elles qu’en fait elles donnent une deuxième chance. Elles se convainquent qu’elles auront assez de force pour continuer leur « mission », pour transformer leur mari ou transformer leur situation. Mais ces femmes devraient entendre l’inquiétude de leur entourage et perdre toute naïveté : elles devraient comprendre que ce ne sont en rien les bonnes intentions qui vont transformer leur bourreau mais bien la force bien réveillée de leur énergie Yin, et que si elles ne guérissent pas de leur hémiplégie Yin, si elles ne réveillent pas d’abord en elles cette force Yin par un travail bien précis et bien conduit, entre autre en sollicitant et en recevant de l’aide appropriée, elles seront immanquablement de nouveau victimes et probablement jamais en mesure d’offrir une troisième chance.

 

On pourrait aussi évoquer un troisième élément dans la participation à la genèse et à l’entretien du machisme : c’est la chaîne infernale de la culpabilité qui maintient les femmes dans la prison du karma, dans la barbarie et dans la condition de victime, autant d’éléments qui caractérisent ce niveau de conscience malheureusement fort répandu qu’on appelle l’Age de fer. Ce point, qui ne concerne pas que les femmes mais bien tous les êtres humains, sera abordé plus loin.

 

Dans le cas le plus favorable, un couple « homme macho violent / femme victime », se rendant compte que la situation est anormale, décide de changer. Les deux éléments du couple prenant conscience de leur déficit de Yin se donnent alors les moyens de leur guérison et s’y emploient ensemble ou chacun séparément. Si les moyens justes sont utilisés, le couple se rééquilibre. Ce cas de figure est loin d’être la règle. Le plus souvent, le macho n’a aucune possibilité de se rendre compte de son déséquilibre (ce qui ne lui retire en rien sa responsabilité, car tous les humains sont bien sûr responsables de leur propre inconscient), il ne se verra donc jamais disposé à contribuer à la solution du problème, parce que, pour lui, il n’y a même pas de problème.

Dans un couple bourreau / victime c’est rarement le bourreau qui introduit le changement, c’est bien plus souvent la victime. Si la femme maltraitée est décidée à changer de condition, elle fera tout le nécessaire pour réveiller « La Belle » en elle. Et à mesure que son Yin croîtra, « la Bête » se transformera. Nous verrons au chapitre « traitement » ce qu’il y a lieu de faire pour guérir d’une hémiplégie Yin.

 

On rajoutera à cela que le machisme étant une des nombreuses conséquences du patriarcat, ce n’est pas tant le machisme qu’il faut traiter que le patriarcat. Les racines de cette anomalie sociale qu’est le machisme plongent bien profondément dans le patriarcat. Le traitement du machisme est un traitement très profond. Il ne s’agit pas de changer la place des meubles dans la prison du patriarcat, il s’agit de sortir de cette prison (changement 2). Cela oblige donc à considérer tous les moyens, théoriques et pratiques, qui permettent de rééquilibrer l’énergie d’une société. Tel est l’objet de ce livre.

 

Dans une société déséquilibrée, les mauvais traitements ne s’adressent pas qu’aux femmes. Les enfants sont eux aussi très souvent victimes de violences inouïes. Ces brutalités sont des comportements incompréhensibles pour beaucoup. De plus, ils ne sont pas le fait des seuls hommes, il y a beaucoup de femmes déséquilibrées qui maltraitent leurs enfants.

 

Pour mettre un terme à ces souffrances très fréquentes des enfants, il faut connaître les causes énergétiques de ces comportements. L’explication énergétique qui peut être donnée à ces comportements est que ces personnes qui maltraitent sont des hémiplégiques Yin, et, soumises dans la vie quotidienne à l’accumulation du stress sous toutes ses formes, ces personnes déséquilibrées ont besoin d’un exutoire pour leur excès d’énergie Yang et le trouvent sous la forme de la violence Yang qu’ils exercent sur les enfants. Ceux-ci servent en quelque sorte de trop-plein, et cela d’autant plus qu’ils sont dans l’incapacité physique totale de se défendre.

 

Ces personnes, dont la sensibilité ne fonctionne pas bien, par déficit de son carburant naturel, l’énergie Yin, ne sentent pas la souffrance qu’ils imposent, ne perçoivent pas les conséquences de leurs actes sur leur entourage. Ils ne reçoivent pas les informations-douleur qu’envoient leurs victimes. Ils sont en déficit de réception (Yin) et en excès d’émission (Yang). Le remède à cet état ne saurait être seulement la contention de la brutalité et des excès des personnes déséquilibrées, ce qui serait un essai bien légitime mais illusoire et le plus souvent inefficace de limiter la violence. Le remède passe obligatoirement par la rééquilibration de ces personnes par l’éveil de leur énergie Yin.

 

L’augmentation d’énergie Yin crée deux effets : une augmentation quantitative et une rééquilibration qualitative de l’énergie de ces personnes. Plus augmente la quantité d’énergie plus les problèmes changent de proportion et d’importance relative et deviennent gérables, moins il y a donc de stress, moins il y a nécessité de se défausser sur autrui de son accumulation. « Ce n’est pas que tu sois si grand, c’est que je suis à genoux ! »

 

Au fur et à mesure que se rééquilibre le système énergétique des individus, la nécessité de se décharger de leur trop-plein d’énergie masculine se fait moindre, leur sensibilité renaît, ils retrouvent la perception de leur entourage et de ses besoins, ils découvrent peu à peu qu’il existe à leur disposition pour régler leurs problèmes une autre force que celle, masculine, d’affrontement et d’agression et expérimentent les effets d’une force féminine de transformation.

 

Les mauvais traitements aux enfants soulèvent aussi la question de leur niveau d’énergie. Les enfants ne disposent pas plus que les adultes de l’énergie qu’ils devraient avoir. Ils sont eux aussi le plus souvent en déficit d’énergie. Et s’ils sont insupportables parfois, c’est parce qu’en harcelant leurs parents, en les déstabilisant, ils arrivent à en récupérer un petit peu d’eux.

 

Les parents sont tenus d’alimenter leurs enfants. On entend généralement par alimentation la satisfaction des besoins physiques en nourriture. Beaucoup d’enfants souffrent sur cette Terre d’une carence de nourriture. Mais il est une autre alimentation tout aussi nécessaire : l’alimentation énergétique, c’est-à-dire la satisfaction des besoins en énergies et en informations pour le meilleur développement et fonctionnement des enfants. Or dans ce domaine aussi, étant entendu que les parents sont souvent en déficit sévère d’énergie, il y a de grandes carences qui font que beaucoup d’enfants vont fonctionner très mal. Cela a comme conséquence directe une déstabilisation de leur entourage et l’entrée dans un cercle vicieux qui peut amener à la violence extrême. L’enfant est mal parce qu’il n’a pas l’énergie qu’il devrait avoir, il la réclame à sa manière, comme il peut ; il devient irritant pour son entourage. Complètement inconscient de la carence d’énergie sous-jacente et des vrais besoins et demandes de l’enfant, l’entourage dont le niveau de tolérance au stress est aussi bas que son énergie, réagit maladroitement ou brutalement, ce qui a pour effet direct l’aggravation de la situation et la surenchère dans la violence. On arrive à ces situations où des adultes ne voient plus d’autre solution à leurs problèmes que l’élimination physique (sommet d’un comportement hyper-Yang) de leur enfant.

 

En aparté, on peut mentionner ici que c’est du même mécanisme énergétique dont il est question dans la question du suicide : une personne (et c’est le cas de beaucoup d’adolescents) s’élimine, alors que ce dont elle a besoin ce n’est pas de s’éliminer mais de se transformer (de toute façon il n’est pas certain qu’on puisse s’échapper de quoi que ce soit par le suicide et qu’on ne retrouve pas après la mort ce qu’on cherchait à éviter), mais comme elle est justement en déséquilibre énergétique hypo-Yin / hyper-Yang, elle n’est pas consciente qu’existent une force et des moyens de transformation et pense ne trouver de solution que dans sa propre élimination.

 

Beaucoup de mères ou de pères ont pu faire l’expérience de changements radicaux du comportement de leurs enfants après une remise à niveau de l’énergie aussi bien des enfants que d’un ou des deux parents. On peut attendre de la connaissance croissante du concept d’énergie des avancées vers la compréhension et la solution de ces problèmes majeurs que sont les mauvais traitements aux enfants et le suicide des adolescents. Devant tout trouble du comportement, on devrait ainsi prendre l’habitude de toujours rechercher sa cause énergétique.

mardi, 25 avril 2017 21:44

Les Nord-américains

Dans un livre consacré à la Colombie, il n’y aurait à priori pas de raison de parler des Etats Unis. Néanmoins ce qui se passe dans cette grande nation est tellement significatif de ce que nous tentons de décrire dans ce livre, il y a tellement d’enseignement à tirer de ce qui arrive aux Américains qu’il est utile de consacrer quelques lignes à décrire leur déséquilibre. D’autre part, la Colombie entretenant des rapports privilégiés avec leurs voisins du Nord, voire une dépendance, il est bon que les Colombiens aient quelques lumières sur les dessous énergétiques de cette relation.

Les Etats-Unis sont effectivement l’exemple même du système déséquilibré. Ce pays est atteint de la même hémiplégie Yin que la Colombie. Cela se traduit par des comportements Yang excessifs, comme l’accumulation des richesses par quelques-uns, une politique d’expansionnisme et de contrôle qui s’étend à toute la planète et même en dehors (on pourrait parler de l’exploration de l’espace, mais non, on en est encore à parler de sa conquête, de son contrôle et de guerre des étoiles !), la construction d’immenses murs de séparation, etc. Un des points caractéristiques de leur déficit de Yin est la vision du monde extrêmement réductrice qui gouverne leur politique et qui se résume en « la guerre contre le terrorisme ». Cette pauvre vision de la complexité immense de la situation du monde leur fait croire qu’ils peuvent se dédouaner d’un questionnement sévère sur leur propre attitude et d’une reconnaissance de leur propre responsabilité dans le grave déséquilibre mondial. Sur la base de cette vision tronquée de la réalité, ils font porter à d’autres la responsabilité de ce qui leur arrive. Que des dirigeants promeuvent une telle politique simpliste, c’est déjà inquiétant, mais que le peuple ou les élites de ce pays l’acceptent, c’est encore plus grave.

 

L’Irak est un pays qui a fait l’expérience de la tyrannie, il a connu les griffes de la Bête, il a été la victime de l’appropriation excessive du pouvoir et des richesses par un dictateur (hyper-Yang) qui, comme tous les tyrans, réglait tous ses problèmes par l’élimination physique de ses opposants. Mais cela n’a été possible que parce que l’Irak est un pays hypo-Yin, un pays hémiplégique Yin. Pour venir en aide à ce pays il fallait (et il faut encore) lui offrir, ou faire en sorte qu’il s’offre ce dont il manque gravement : une force Yin, forte, qui servirait à sa transformation. Les Américains, dont le désir d’appropriation du pétrole irakien n’est un secret pour personne, et dont le désir de souveraineté sur toute la planète est patent, ont imposé leur mode habituel de règlement du problème : l’affrontement et l’élimination (hyper-Yang). Leur décision n’obéissait pas à un diagnostic précis de la situation, diagnostic qu’ils n’avaient pas fait, mais dont, de toute façon, ils ne s’embarrassent pas, mais à une attitude primaire et viscérale du type « combat de coqs » ou « logique de gladiateurs ». Le résultat que tout le monde pressentait et annonçait n’a pas manqué : exacerbation de la violence et du terrorisme. Le monde n’est pas devenu plus sûr, bien au contraire, le feu est dans la poudrière, l’Irak est en deuil, les Etats Unis sont en deuil, l’humanité a perdu une grande partie de son patrimoine. Et dans quelque temps, on arrivera à cette aberration suprême que George Bush et ses faucons auront tué plus d’Irakiens que Saddam Hussein et plus d’Américains que Ben Laden. Saddam Hussein, qui voulait aussi tuer des Américains mais n’avait pas les moyens de le faire, a chargé George Bush de le faire lui-même. Dans quelque temps, même mort, Saddam Hussein, pour avoir su attirer et faire tomber son adversaire dans un piège, aura gagné la guerre du Golfe. Le monde entier avait dit aux Américains que c’était un piège, mais quand on n’a pas de Yin, on ne voit pas les ennemis intérieurs (la poutre dans son propre œil), on ne les voit qu’à l’extérieur (la paille).

 

L’erreur des Américains a produit la terreur. Ils ont attisé le terrorisme qu’ils prétendaient vouloir combattre. Le terrorisme n’est qu’un symptôme hyper-Yang d’un déséquilibre énergétique YANG/yin. Attaquer le terrorisme et en rester là revient à ne faire qu’un traitement symptomatique, avec tous les effets secondaires que l’on connaît. Et cette « stratégie » n’a en rien réveillé les forces Yin du pays, bien au contraire, La Belle de l’Irak reste endormie et maltraitée. Le problème de l’Irak n’est donc pas réglé. Mais son pétrole est aux mains des USA. Les Yankees ne voulaient pas la transformation de l’Irak mais son pétrole. Ils n’ont pas compris. Ils n’ont pas compris que, quand ils se livrent à ce type de comportements, ils sont retardataires, arriérés. Ils n’ont pas compris que nous sommes tous embarqués dans le même bateau Terre et, qu’on le veuille ou non, nous sommes tous concernés par l’avenir de nos enfants, avenir qui ne pourra exister que s’il y a solidarité, entraide et partage.

 

Ils n’ont pas compris non plus ce qui leur est arrivé le 11 septembre 2001. Certaines voix se sont élevées aux USA après l’abominable attentat de New York pour inviter au questionnement, à une remise en question d’eux-mêmes : « Pourquoi ne nous aiment-ils pas ? ». Quand il se produit un événement de ce genre, il y a toujours quelque chose à comprendre.  Mais ces voix n’ont pas été entendues, la question fondamentale n’a pas eu d’écho et la leçon qui pouvait en être tirée n’a pas été comprise. Ce qui leur est arrivé peut pourtant se comprendre.

Il existe un symbole qui peut justement amener cette compréhension, un symbole majeur, la carte XVI du Tarot : la Maison Dieu. Cette carte (et ce qu’elle représente) tous les disciples des authentiques maîtres spirituels ont appris à la connaître, souvent à leurs dépens. Elle représente la chute de l’Initié ou la destruction de son ego hypertrophié, avec ses prétentions et son orgueil (verticalité hyper-Yang). Ce symbole met en scène deux personnages : l’Initié (sa couronne représente son origine royale) et son assistant. La tour (une érection) qu’ils ont construite est foudroyée par le feu du Ciel. (A noter le petit nuage symbolisant la confusion qui a empêché les autorités, la CIA et le FBI, dans le cas de l’attentat du 11 septembre, de détecter l’attaque à l’avance). Dans sa chute, l’assistant va mourir d’une brique sur le crâne, alors que l’Initié, lui, semble bénéficier d’une protection, et va pouvoir poursuivre son parcours de formation débarrassé de l’enflure de son ego.

 

En cette figure réside la sévérité et l’exigence du processus de transformation de l’être humain : si celui qui y est engagé (l’Initié) se néglige, ce n’est pas lui qui va mourir, mais son assistant. Lui va chuter mais guérir de son orgueil. On retrouve dans le mythe d’Hercule exactement la même notion : dès son premier travail, « la capture des cavales mangeuses d’hommes », Hercule, orgueilleux et imbu de sa force, néglige sa protection et son travail et c’est son ami Abdéris qui en meure. Son travail est fait, mais mal fait[1].

Carte XVI de Tarot

 

L’actualité récente nous a malheureusement rappelé que les lois de l’existence sont valables pour tout le monde: en effet, comment ne pas voir dans la destruction des Twin Towers par le feu venu du ciel, une reproduction ô combien exacte  de cette carte XVI ? Ce qui était visé, c’était l’orgueil, l’égoïsme, la prétention (de dire le Bien et le Mal, de recréer le monde ou de le conquérir…) et la verticalité (le machisme, le féodalisme, l’impérialisme, bref le patriarcat) de la civilisation américaine, et ce sont ses milliers d’assistants qui en sont morts. Les Américains ne semblent pas avoir vu que ce qui était en jeu ce 11 septembre n’était que le symbole de la prospérité (World Trade Center), le symbole du pouvoir (Maison Blanche ou Capitole) et le symbole de la défense (Pentagone), et ne semblent pas avoir compris que la prochaine fois, ce ne seront pas les symboles qui seront détruits mais la prospérité, le pouvoir et la défense. Leur force, aux yeux de la Vie, ne leur confère aucun droit, et certainement pas celui de se servir de l’humanité et de la Nature, mais seulement des devoirs, celui de partager et celui de servir. Il est à souhaiter que les Américains reprennent conscience, se débarrassent de l’enflure de leur ego, considèrent le déséquilibre YANG/yin qui les affecte et qu’ils génèrent, et le corrigent en réveillant en eux La Belle.

 

Maintenant, quant à ceux qui sont subordonnés aux Américains, quant aux pays qui sont sous leur dépendance, quant aux peuples (comme la Colombie) qui sont victimes ou dépendants de la puissance militaire, politique et économique des Etats Unis, qu’ils veuillent bien considérer que leur problème n’est pas la présence de la Bête, n’est pas l’ingérence militaire, économique et culturelle nord-américaine, mais l’absence de La Belle, la faiblesse de leur propre énergie Yin, l’absence d’une force de cohésion sociale en eux-mêmes. Le réveil de la force Yin en eux-mêmes obligerait les Etats-Unis à se transformer en Prince Charmant, obligerait l’Empire à redevenir ce qu’il s’était proposé d’être, une terre de liberté et de respect. Si la Colombie disposait de toute son énergie, Yin et Yang, elle n’aurait pas besoin d’être vassale des Etats Unis, et eux en deviendraient des partenaires respectueux.

 

[1] BAILEY Alice A.. Les travaux d’Hercule. Lucis, Genève, 1981, p 33.

mardi, 25 avril 2017 21:44

L’économie

Un humoriste disait qu’il existe trois types d’homme : les mercenaires, les fonctionnaires et les missionnaires. Pour ce qui est de l’économie, on dira qu’il en existe globalement deux formes.

 

La première, la plus visible, la plus connue, est l’économie libérale. Elle est fondée sur la recherche du profit maximal et sur la rémunération du capital. Elle favorise l’individualisme, l’utilitarisme et l’égoïsme, à l’échelle aussi bien des individus que des pays. Elle génère la concentration de la richesse et donc son inégale répartition. Il s’agit là de la forme Yang de l’économie et plus exactement de sa forme hyper-Yang, mercenaire, qui, en raison de son surdéveloppement, aboutit à cette appropriation excessive, à la prédation et à la prise de pouvoir (sur l’homme et sur la Nature) dont on reconnaît quotidiennement le caractère inhumain. « L’hypothèse d’égoïsme, qui caractérisait initialement le comportement du seul homo œconomicus, a progressivement contaminé l’ensemble des sphères d’activité de l’homme »[1]. Ce système a généré ses détracteurs, qui voient en lui le responsable de toute la misère du monde. Pour eux c’est la Bête à abattre.

 

L’autre système économique, qui est beaucoup moins visible, est l’économie sociale et solidaire. Tellement peu visible que beaucoup d’économistes, de financiers ou d’agents économiques n’en connaissent même pas l’existence ou n’en parlent pas. « La notion d’économie sociale renvoie … à une manière différente d’entreprendre et vise à promouvoir des formes d’entreprises qui, tout en n’étant pas du domaine public, privilégient le service rendu plutôt que la rémunération du capital et la recherche du profit maximal»[2].

 

Cette version différente de l’économie est l’économie Yin. En raison du déficit de Yin de nos sociétés, elle en est la forme sous-développée. Elle a un caractère communautaire, elle repose sur le partage (de l’effort et des gains), elle implique la coopération, la collaboration et la communication, elle a un caractère humain, missionnaire, ses acteurs participent à sa maîtrise, elle est organisée en réseaux. « Le secteur de l’économie sociale … regroupe les coopératives, les mutuelles et les associations ayant une activité de production, organisations qui, comme le montre Vienney, présentent la particularité d’être la combinaison d’une association de personnes et d’une entreprise dont la caractéristique discriminante est l’adhésion à un principe de non-domination du capital, consistant à donner la primauté à la gestion de service sur la gestion de rapport, au service rendu sur le profit dégagé, à l’activité sur la rentabilité, aux droits de la personne sur les droits de la propriété… Le secteur de l’économie sociale regroupe toutes les organisations économiques dans lesquelles les bénéficiaires de l’activité ne sont pas les actionnaires ou les investisseurs »[3].

En clair pas d’appropriation Yang mais partage Yin. L’Argentine en crise a vu naître un système bien organisé de troc, certains pays (comme la Colombie[4]) ont su fonder des « banques de temps » qui gèrent les offres de citoyens mettant leur temps et leurs compétences au service d’organisations qui en ont besoin. Ces activités économiques sociales sont des exemples d’économie Yin.

 

Il est bien clair que l’économie mondiale est déséquilibrée. Comme toutes les activités humaines, elle est touchée par ce déséquilibre YANG/yin. Ainsi l’humanité doit souffrir les excès d’une économie libérale, vorace, vampire et inhumaine, génératrice d’inégalités et de souffrances profondes. En même temps elle ressent tout aussi douloureusement l’insuffisance de l’économie sociale et solidaire. L’attitude habituelle consiste à considérer que la coupable est « la Bête », l’économie libérale. Mais personne ne pense que c’est au contraire l’économie sociale et solidaire, pour sa faiblesse, qui pourrait être est la cause de l’excès inverse. Personne n’imagine que si cette économie Yin en venait à reprendre sa place, l’économie Yang se normaliserait et retrouverait toute son utilité sans ses inconvénients, que l’humanité pourrait en tirer tout le bénéfice sans avoir à en souffrir, que l’une et l’autre, qui sont légitimes, s’optimiseraient. Personne ne voit que le sous-développement de cette économie Yin est lié à l’impossibilité dans laquelle sont les êtres humains de la comprendre : ils n’ont pas les codes, ils n’ont pas la vision de cette économie et de son importance parce qu’ils n’ont pas l’énergie pour la voir, la comprendre et la réanimer. En raison de ce déficit énergétique, ceux qui pourraient être les agents de cette économie ne se connaissent même pas comme tels. Ils n’ont donc pas la force (Yin) qui leur permettrait de découvrir, de développer, de promouvoir et de valoriser des formules d’économie solidaire nouvelles et porteuses. Ils ne savent pas non plus et ne peuvent ni détecter ni traiter le parasitisme, qu’on rencontre souvent en son sein, d’intérêts égoïstes et partisans qui, sous des discours en apparence sociaux, s’y infiltrent et qui, détournant son énergie de sa direction initiale, l’affaiblissent (le loup de quelque totalitarisme ou de quelque égoïsme (hyper-Yang) sous le couvert de l’agneau d’un discours prétendument social). Bien sûr il y a des exemples, d’ailleurs impressionnants, de leaders sociaux qui ont démontré en pratique que cette économie sociale existe[5]. Mais ces réussites sont bien insuffisantes pour couvrir dignement toutes les nécessités économiques de l’humanité. Dans le domaine de l’économie, La Belle dort encore, et il devient très urgent de la réveiller.

[1] MONNIER Lionel, THIRY Bernard. 1997, cités in BIDET Eric. Economie sociale, Encyclopædia Universalis, CD-ROM, 2002.

[2] BIDET Eric, Economie sociale, op. cit., p

[3] Ibid.

[4] Fundacion Colombia Presente

    www.bancodetiempo.org 

[5] L’économie sociale et solidaire : « Ses « spécificités méritoires », pour reprendre les termes de François Bloch-Lainé (sont): lieu d’expression d’une démocratie, capacité à produire du lien social, aptitude à l’innovation sociale, contribution au développement local. Appréhendé sous cet angle, le projet d’économie sociale apparaît particulièrement adapté pour concilier certaines exigences de la politique de l’emploi et de la politique sociale qui sont apparues avec la crise économique et les bouleversements qu’ont connus la plupart des sociétés développées : montée du chômage et nécessité de mettre en œuvre des dispositifs d’insertion sur le marché du travail, vieillissement de la population, généralisation du travail féminin, bouleversement de la cellule familiale traditionnelle, etc. ». Eric Bidet, Economie sociale, Encyclopædia Universalis, 2002.

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